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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 10:21

Le désir d'Art explore tout d'abord la découverte, l'expérience, le cheminement. Il n'a pas pas la rigueur mathématique de la recherche en sciences dures. mais il soumet la création à un chemin, à des chemins, puis un réseau, puis une étendue ou une construction charpentée. A chaque moment on peut jouer, de la couleur ou du geste, de la matière ou de la tonalité. Et chaque fois qu'on choisit, on élimine ce qui aurait pu être, mais on n'efface pas ce qui a été.

On s'aventure en suivant une idée qui, pourtant, ne va parfois nulle part. C'est ce "nulle part", pour certains, pour moi, qui fascine.

Ainsi va la Création : Il faut pouvoir imaginer tous les possibles en partant d'un seul objet, ou d'un seul mot. Ce que font les artistes qui travaillent beaucoup en explorant sans relâche chaque variation du thème. Ce qu'on appelle la griffe, souvent reconnaissable, ou les "périodes" stylistiques. Littérature, cinéma, arts plastiques ou musique, nous amènent dans cet approfondissement des grands artistes qui font une œuvre.

D'autres ne poursuivent pas, cherchent toujours un nouveau point de départ, expérimentent la diversité sans exploiter le réseau infini des variantes. Nouveau matériau, technique, thème, rien ne semble suivre un vrai dessein. Une sorte de "survol", négligent peut être ? ou paresseux ?

Moi je dis expérimenter, je dis "avis de recherche" comme on dirait "à vie", qui prend toujours des détours inattendus. Sans doute par incapacité d'aboutir, ou de répéter, mais non sans travail et sans fantaisie. Parce que c'est précisément aussi un choix de vie, des vies qu'on tente les unes après les autres sans que jamais aucune ne veuille ressembler à la précédente. Cette constante insouciante de la pérennité devient pourtant au bout du compte comme une habitude, voire une addiction. Et peut être, à son corps défendant, un sorte de style désordonné et sans limites. "... Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" disait déjà Charles Baudelaire

Les uns creusent, les autres effleurent et piquent le miel de fleurs en fleurs. Il y a l'Art d'aller au fond, et l'Art de butiner. On ne le fait pas exprès. C'est ce qu'on est, c'est ce qu'on aime. Essayer toujours, et ne vouloir refaire.

tarlatane colorée, et collée, visages. Une "expérience"... qui va on ne sait où

tarlatane colorée, et collée, visages. Une "expérience"... qui va on ne sait où

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11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 10:59

avril est la saison des cerisiers en fleurs au Japon que l'on va voir en cérémonie...

peut être un jour, moi aussi ?

En attendant, quelques gravures qui font écho à ces printemps lointains

 

sur l'écorce noire

le printemps a célébré

la neige en avril

 

ils ne disent rien

d'avril et de ses couleurs

les blancs cerisiers

 

 

eau forte sur zinc et aquatinte

eau forte sur zinc et aquatinte

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 15:08

ce moment fragile ne dit pas s'il se joue en images sur - exposées d'avoir été trop retournées

il ne dit rien de soi, sinon un "nous" qui se voudrait chantant, parlant , jouant, ou ...?

il invite, s'il se peut, à quelques découpages dans le temps de l'hiver

aujourd'hui c'est soleil, demain, les yeux seront lavés

mais quelque chose attend qu'on ne veut ignorer

♦ exposition

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 14:54

géant disparu il y a 30 ans qui mérite toutes les majuscules

moment sublime que celui où l'on peut recevoir les facettes du génie qui se glisse dans tous les champs de l'art, plastique, de l'imprimerie, de la matière et de l'infini poésie où baigne cette oeuvre simple et dérangeante.

l'une en proportion de l'autre.

émotion qui revient à la figure comme une gifle salutaire devant ces portraits de femme et d'oiseaux si intimement mélangés.

verbe d'une couleur sans détours qui met la main sur l'essentiel, qui s'en barbouille, s'en joue et nous la jette avec un rire d'enfance retrouvée

le monde est chaque seconde réinventé, mais nous le reconnaissons bien, dans ses tortures, ses éclats, ses ironies douloureuses et ses pieds de nez qui démontent au final toute la belle mécanique du sens commun

 

merci Monsieur Miro d'avoir été l'architecte de cette civilisation puissante qu'était votre esprit chercheur et multiforme, qui disait pourtant bien plus encore que lui même, qui nous avait deviné bien avant que nous fussions ses objets, ses amis, ses admirateurs, ses frères d'art et d'armes singulières 

 

20130826 132333

 

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28 juillet 2013 7 28 /07 /juillet /2013 15:52

à mon corps qui n'en fit qu'à sa tête...

à ma tête qui ne fit pas qu'un corps...

à nos corps, à nos têtes, et à ce qui les réunit, parfois, de loin en loin ...

 

dominique

 

travail exécuté au cours d'un atelier (avec le peintre concarnois Michel Costiou) dont le thème était "mon corps n'en fait qu'à sa tête" ( acrylique sur toile et collages divers)

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 14:03

 

pour un ami poète, Gil Refloch, un véritable connaisseur et amoureux des surréalistes, qui vient de mourir à Brest, cette épitaphe, que j'avais écrite pour lui, il y a vingt ans peut être, lors de nos exercices "Quimper-et-poétique" à la manière de ... Philippe Soupault (qui écrivit donc, dans un recueil, des épitaphes fictives pour tous ses amis surréalistes de l'époque)

 

et pour Olivier, un de ses bons copains (et un des miens) qui vit un triste temps !

 

 

Ci-Gil

Floc et re-floc

et ploc et ploc et ploc

quand la pluie s'est arrêtée,

tu es mort

maintenant on ne sait plus très bien, ni le haut, ni

le bas, ni le profond, ni le vénéneux, ni l'opulent

Plus d'excès aucun

Excepté le trop tard

qui ploque et reploque

dans les flaques brillantes

d'absence illimitée.  

 

orion3

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 17:59

 

pour placer l'année à venir plus que jamais sous le signe de la poésie...

car
si des poètes furent parfois des combattants et des résistants
je n'en vois pas de grands
qui aient appelé à la haine et à la destruction
leurs mots suffisaient à faire espérer un monde meilleur
sans qu'il soit nécessaire de brandir les armes

alors
pourquoi
si peu dans l'histoire
nous furent connues les femmes poètes ??


en voici trois qui traversèrent les âges
pour bien commencer 2010


Ono no Komachi (dame japonaise du 9è siècle)
(traduction g.renondeau - gallimard)

23a1ddb2c0efc577-grand-poetesse-ono-komachi-kiyonaga-torii

triste et solitaire
je suis une herbe flottante
à la racine coupée
si un courant m'entraine
je le suivrai



Sappho de Mytilène (poétesse grecque du 8è s av JC)
(chantée par angélique ionatos)


Sappho

j'écris mes vers avec de l'air
et on les aime
j'ai servi la beauté
était-il en effet pour moi
quelque chose de plus grand ?
même dans l'avenir
je le dis
on gardera de moi le souvenir



Clara d'Anduza ( trobaïritz du 12è siècle)
(traduction de la langue d'oc : pierre bec "chants d'amour des femmes troubadours - stock)

Ami j'ai tant de peine et de ressentiment de ne point vous voir
que quand je pense chanter je pleure et je soupire
si bien que mes couplets ne sauraient accomplir
ce que mon coeur désire

domvero2
spectacle "dits d'amour des femmes troubadours" créé en 2007 par Rapsodes - Aïxos

 

 

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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 11:31

chance pour moi de me trouver en ces jours un peu désoeuvrés dans la région de Dinard, ce gros Disneyland pour vieux enfants friqués... chance d'avoir pu entrer dans l'expo Pinault "qui a peur des artistes?"...

le titre semble annoncer qu'on va se trouver en face d'art contemporain et qu'on risque alors de recevoir une claque de rejet ou d'incompréhension.
Rien de tout cela.
La claque n'est pas celle qu'on pense, on n'aperçoit rien de vraiment inconoclaste au fond (la culbute du pape sous la météorite est très drôle, et le cochon de Mac Carty très touchant)

seulement deux ou trois surprises magnifiques qui font dire :
surtout ne pas avoir peur des artistes
comme les poètes ils nous révèlent le monde si désenchanté en le faisant vibrer du corps et de la main qui transforme et redresse notre mortelle divinité

je n'ai pas tout aimé, comme il se doit

juste envie de partager ma découverte subjuguée du peintre chinois Yang Jiechang dans des très grands formats d'encre de Chine sur papier de soie



et les boîtes de Charles Matton ( cinéaste , photographe, peintre , sculpteur français disparu en 2008 , dont je n'avais jamais entendu parler)

et  je n'oublie évidemment pas un tableau somptueusement noir du grand Pierre Soulages
www.pierre-soulages.com/

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 23:30
et puisque j'ai parlé hier de René Depestre, voici un extrait d'un de ses poèmes

quand la sueur de l'indien se trouva brusquement tarie par le soleil
quand la frénésie de l'or draina au marché la dernière goutte de sang indien
de sorte qu'il ne resta plus un seul Indien aux alentours des mines d'or

on se tourna vers le fleuve musculaire de l'Afrique pour assurer la relève du désespoir
alors commença la ruée vers l'inépuisable trésorerie de la chair noire
alors commença la bousculade échevelée vers le rayonnant midi du corps noir
et toute la terre retentit du vacarme des pioches dans l'épaisseur du minerai noir

et tout juste si des chimistes ne pensèrent aux moyens
d'obtenir quelque alliage précieux avec le métal noir
tout juste si des dames ne rêvèrent d'une batterie de cuisine en nègre du Sénégal
d'un service à thé en massif négrillon des Antilles

tout juste si quelque audacieux curé ne promit à sa paroisse
une cloche coulée dans la sonorité du sang noir
ou si quelque vaillant capitaine ne tailla son épée dans l'ébène minéral
ou encore si un brave Père Noël ne songea à des petits soldats de plomb noir pour sa visite annuelle...

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 13:52
...actuellement dans préparation d'un spectacle pour le printemps de la poésie sur  Pablo Neruda (1904-1973)
voici un de ses poèmes
(extrait du Mémorial de l'île Noire, 1964)
dédié à tous ceux qui aiment, qui écrivent et qui vivent la poésie comme une part essentielle de leur existence

Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le cielégrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.

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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 14:08


pour faire suite à ces quelques réflexions d'hier sur "L'Enchanteur Pourrissant" voici le plus beau passage et la conclusion d'une oeuvre étrange et érudite du poète Apollinaire écrite entre 1898 et 1909, au sujet du mythe celtique de Merlin et Viviane. C'est elle, la dame du lac, qui le tint enfermé par magie dans un tombeau de verre au profond de la forêt après qu'il lui eût confié, par amour, ses secrets d'enchantement.

Photo du spectacle créé en 1994



/.. LA DAME  DU LAC
Ô joie ! je t'entends encore, mon amant, qui savais tout ce que je sais. 

L'ENCHANTEUR
Toi que j'aimais, ne parle pas en vain. La femme et l'homme ne se ressemblent pas et leurs enfants leur  ressemblent.
Mais nous nous ressemblons, parce que je t'ai tout  appris, tout ce qui me ressemble. Nous nous ressemblons et n'avons pas d'enfants qui nous ressemblent.  Ô toi que j'aimais, tu me ressembles. 
Nous nous ressemblons, mais l'homme et la femme ne se ressemblent pas. Lui, c'est un troupeau avec son berger,  c'est un champ avec son moissonneur, c'est un monde avec son créateur. Elle, c'est le printemps inutile, l'océan jamais calme, le sang répandu.  Ô toi que j'aimais, toi qui me ressembles, tu ressembles aussi à toutes les autres femmes.

La dame assise sur la tombe tiède de l'enchanteur songeait au printemps qui défleurissait pour finir.

L'ENCHANTEUR
Toi que j'aimais, je sais tout ce qui me ressemble et tu me ressembles ; mais tout ce qui te ressemble ne me ressemble pas. Ô toi que j'aimais, te souviens-tu de notre amour ? Car tu m'aimais ! Te souviens-tu de nos tendresses qui étaient l'été pendant l'hiver. Te rappelles-tu? Je pleurais à tes genoux, d'amour et de tout savoir, même ma mort, qu'à cause de toi je chérissais,  à cause de toi qui n'en pouvais rien savoir. Au temps de ma vie pour notre amour je pensais à toi, même pendant  les  plus  terribles  crises  d'épilepsie.   Ô  toi  que j'aimais et pour qui les vers, depuis ma naissance, ô temps de la moelle fœtale, patientèrent, dis-moi la vérité ...!

À cet instant qui était celui où, défleuri, le printemps finissait, la dame du lac pâlit, se dressa, souleva avec une hâte audacieuse sa robe immaculée et s'éloigna de la tombe ; mais la voix de l'enchanteur s'éleva plus forte en une question désespérée d'amour survivant au trépas, une question qui voulait tant une réponse que la dame, à quelques pas du tombeau hésita tandis que coulaient le long de ses jambes les larmes rouges de la perdition.

Mais, soudain, la dame du lac s'élança, et, laissant derrière elle une traînée de sang, courut longtemps, sans se retourner. Des pétales feuillolaient, détachés des arbres aux feuillards défleuris en l'attente de fructifier. La dame ne s'arrêta qu'au bord de son lac. Elle descendit lentement la pente que surbaigne l'onde silencieuse, et s'enfonçant sous les flots danseurs, gagna son beau palais dormant, plein de lueurs de gemmes au fond du lac.


Guillaume Apollinaire - L'Enchanteur Pourrrissant
édition présentée avec des bois gravés d'Hervé Derain - Les Lettres Modernes ed. Minard Paris

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Repères

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  • ANISARA
  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
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