13 janvier 2009
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Des yeux noirs de Kara aux yeux noirs de Gaza
combien d'enfants pardonnent le visage en absence
et le regard de l'homme au delà de l'image
combien de temps vivent les enfants sages
à tout petit peu, tout petit feu
combien abandonnés à la mitraille
combien fixés en trace d'ombre sur la levée d'un seul matin
pilonné de violence complice
ce jour-là
comptaient-ils sur leurs doigts le catalogue des oublis ?
non
ils me regardaient
sans un sourire
publié par dominique dieterlé
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poèmes
16 décembre 2008
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un miracle de vent qui froisse la mémoire
un miracle de sel en fleur sur nos espoirs
un miracle de rien qui se morfond au noir
pas de miracle a dit le soleil blanc des immortelles
pas de mémoire a dit le temps en temps réel
pas de regard salé dissolvant peu à peu nos voix tièdes
juste un entre deux mers, entre deux ports, entre deux chaises
qui laisse, bouche fermée, nos désirs éternels
flotter au lendemain des chemins sans histoire
publié par dominique dieterlé
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poèmes
11 décembre 2008
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je veux t'offrir encore
ma franco-africaine
ligne de partage des eaux
où de chaque rive je coule
puis remonte avec le fleuve
et vers la source, et vers la mer.
tout au long de son cours
le fleuve reste le fleuve
jamais la même eau
toujours le même lit
qui annonce la soif
entre ses deux mains jointes
la rivière Kpaleo à Kara photographiée par le groupe des jeunes de Kara sud
publié par dominique dieterlé
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poèmes
8 décembre 2008
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de l'eau qui dort
des monstres assoupis
de la langue de bois
des évidences données en pâture
mais croyez
au regard transparent, au vent qui décoiffe, à l'aube qui viendra, à tout ce qui n'est pas encore
publié par dominique dieterlé
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poèmes
16 novembre 2008
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ne pas croire que pratiquer la nostalgie est un exercice auquel souvent je m'adonne
je trace seulement des lignes entre le temps et l'espace, je ne sais d'où je viens, mais je comprends par où je suis passée, qui j'ai vu, qui j'ai aimé, et souvent, ce que j'ai manqué
de cela nous sommes tous faits, et même des gens oubliés, des images fanées, de l'eau des rivières depuis longtemps taries, des mémoires qui sont passées de nos cerveaux à nos chairs, à nos muscles, à notre sang, des émois enfouis qui sont devenus nos os
cela nous tient debout pour nous lever ce matin et avancer encore demain.
que nous le sachions ou pas n'a aucune importance
donc pas de nostalgie : juste le rappel d'un moment qui fut un autre moi
un autre dimanche où j'étais assise sur la terre rouge à midi
comme en cet instant assise dans le froid automnal du vide où je m'installe pour aujourd'hui
Poème de midi - dimanche 20 août 2006
Moh na wissi
Sur la route, à l’aplomb du soleil qui fait bouillir les crânes
Au bout de la route, la cour de l’école. Ce que, chez nous, on appellerait parc : flamboyants, acacias, eucalyptus et kapokiers .
La température extérieure, ni chaude, ni froide
Le corps lié à la souplesse de l’air dans un bain égal à lui-même où dort la racine traîtresse d’un caïman.
Je m’assois.
Trois femmes passent que je ne reconnais pas.
Node – yah. Konkare ni – alafya.
Elles, me saluent par mon prénom..
Les gamins aussi vont par trois.
Fama lide ! - C’est pour acheter l’eau. Le troisième se tait.
Medenva lide - Je ne donne pas l’argent – je dis. Une phrase vite apprise.
Bila petasi. Sourire quand même.
Enchanté.
Une vache bossue fait tourner sa queue autour de sa maigre croupe. Les mouches se moquent.
Debout en haut de l’arbre, coupe-coupe en bataille, un homme lâche à terre des rameaux de feuilles.
Le beau dimanche habité d’oiseaux.
Je ne suis plus en mission mais en voyage.
La pluie me guette. Et je m’en fous !
publié par dominique dieterlé
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poèmes
18 octobre 2008
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19:24
une seule pensée d'un soir envoyée à un ami dans la peine, d'où qu'il soit.
certains redoutent terriblement de se perdre ?
beaucoup disent qu'ils se sentent perdus, qu'ils doutent , qu'ils ne savent plus ...
c'est le doute qui nous rend mobiles, chercheurs, c'est à dire vivants.
re-douter, c'est en quelque sorte annuler le doute fécond, être sûr de ne pas sortir du trou de pierre où l'on s'enkyste où l'on meurt
sachant que l'on meurt toujours, au bout du compte !
Il y a quelque chose de pire que d'être perdu, c'est de n'aller nulle part.
je ne donne pas de leçons, je pense aux paralysés de l'âme,
et pour eux, j'ai peur de la douleur d'être si seul dans son propre regard.
la "réflexion" ne peut jamais être gaie qui nous met en face de questions sans réponses, miroir d'angoisse, et combien nécessaire !
mais pour le rire et la gaité il y a les chemins d'aventure, le corps, des rencontres transparentes vers autre et ailleurs
ce "pessimisme gai" comme il est dit, que mes amis de Kara savaient mettre en mots
Au bout du chemin il y a toujours quelqu’un qui attend
Au bout de la route il y a toujours un mur de larmes que tu franchis avec allégresse, un océan de larmes où tu plonges avec délice, un abîme vaste et salé où tu te perds sans retenue
Il n’y a aucun autre chemin, pas de détours autres que cette souffrance où tu te retrouves étonnée, le ventre vide et la faim par dessus, la peur au balcon avec le refus d’être rassasiée
Ton ventre n’est pas toujours de chair, il bouge dans la tête en animal souple et liquide qui creuse et inonde un monde de galeries secrètes, au milieu de ta raison, de ta certitude, de ton sommeil aigu, au centre de ton temps déchiré qui se croyait immortel, aux artères de ton cœur usé qui se croyait à l’abri des orages, au cerveau de tes forteresses défensives
La bataille est déjà perdue et tu ne sais pas encore qu’elle peut commencer
Pieds nus sur la route, tu marches les yeux fermés et tu ne sais pas qu’il fait déjà nuit
Tes mains vides n’étreignent pas les pendrillons d’étoiles mais la lumière s’acharne avec violence sur tes paumes ouvertes
La guerre est plus douce que le silence
L’âme s’y retrouve pleine, armes brisées
publié par d.dieterlé
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